“Des ingrédients naturels qui font toute la différence”
La PDG de Beauvoords Bakhuis s’en tient a ses convictions personnelles
Une fois la porte passée, l'entreprise de boulangerie Beauvoords Bakhuis à Furnes, qui offre sans doute un cadre de travail parmi les plus parfumés du pays, nous rappelle une fourmilière. La directrice Karen Pauwelyn et son équipe tentent de boucler toutes les commandes pour la Chandeleur. “L'année dernière, nous avons investi dans un entrepôt de congélation et nous prévoyons maintenant de construire une chaîne de production de plus. Malgré ces agrandissements et ces innovations, nous restons fermement attachés à nos valeurs, telles que la tradition, l'engagement social et la durabilité. Je dois être fière de chaque décision que je prends“, explique-t-elle.
HISTOire
Karen Pauwelyn, la PDG du Beauvoords Bakhuis, représente la troisième génération d'une famille de boulangers crêpiers de Flandre occidentale.
Famille et histoire
“Je fais les crêpes selon la recette ancestrale de ma mère, Maggy Duquesne, qui avait appris à les faire cuire par sa mère. En 1970, elle a commencé à vendre des crêpes depuis la fenêtre de la maison parentale à des touristes dans la commune de Beauvoorde, connue comme un village gastronomique“, dit-elle.
“Cela a commencé avec deux taques et un grand plat de pâte. Mais après la visite d'une équipe de télévision pour un reportage, elle a engagé 15 autres femmes du village pour cuisiner avec elle et prendre des commandes. En 1990, elle ramenait chez elle la première machine de cuisson – et avec elle la première forme d'automatisation. Après avoir obtenu un diplôme en sciences commerciales, j'ai repris l'entreprise en 2005. Par la suite, à force de croissance, nous avons été obligés de déménager, car Beauvoorde est un village protégé. Depuis 2007, nous sommes installés dans le ZI de Furnes, mais nous avons conservé le nom, et l'image de ma mère fait partie du logo de l'entreprise. Ainsi, nous soulignons l'importance que nous accordons aux valeurs familiales et au respect des traditions“, dit-elle.
Crepes et gaufres
Aujourd'hui, l'usine dispose de quatre lignes de production semi-automatiques. Elles produisent des crêpes, des gaufres et, depuis peu, des pancakes américains. Tous les produits sont déclinés en divers formats et recettes : grands ou petits, sucrés ou non, bio, à la bière ... et même aux pépites de chocolat, aux myrtilles ou aux framboises. Les produits finis sont emballés sous leur propre marque ainsi que sous une marque de distributeur et sont livrés aux détaillants, aux grossistes et aux établissements de restauration dans toute l'Europe.
Production
“Notre processus commence au sommet du bâtiment de l'usine, au niveau des grands mélangeurs pour la préparation de la pâte. Cette pâte est ensuite dosée pour être déversée plus bas sur les lignes de cuisson. Après la cuisson, nous refroidissons immédiatement les produits et les emballons sous atmosphère protégée. La production proprement dite est assez automatisée, mais l'empilage, l'emballage et la préparation au transport se font encore en grande partie manuellement. Pour toutes ces différentes étapes, nous utilisons encore des instructions de travail sur papier, mais nous comptons bientôt numériser l'ensemble du flux de production avec tous les paramètres“, explique Pauwelyn.
Ingrédients naturels
“Pour toutes les déclinaisons de produits, nous travaillons exclusivement avec des ingrédients authentiques et naturels, comme ceux que vous utiliseriez dans votre cuisine. Ainsi, pour notre pâte, nous n'utilisons que du lait, du beurre, de la farine et des œufs frais. Nous n'utilisons pas d'émulsifiants, de colorants, d'arômes ou de conservateurs. Cela faciliterait notre processus, également en termes de sécurité alimentaire et de coûts, mais nous ne voulons pas sacrifier la saveur des produits et nous voulons rester fidèles à nos convictions“, poursuit le directeur.
PERSOnNEL
Une petite partie de la production est destinée aux associations et aux écoles, pour leurs ventes traditionnelles de crêpes ou de gaufres. En effet, l'aspect social est également un pilier important des activités quotidiennes de Pauwelyn. Cela définit aussi nos rapports avec le personnel.
Ambiance familiale
“L'entreprise emploie environ 25 personnes. Tout comme ma mère, à l'époque, ce sont surtout des femmes. Il y a une atmosphère familiale: je connais le contexte personnel de chacun, je respecte l'individualité de chacun et j'aime prendre le temps d'écouter. La communication est mon cheval de bataille. Cela me permet aussi en tant que manager de dire ce qui est important lorsque je remarque des erreurs chez un employé, que nous soyons ‘proches’ ou non“, assure-t-elle.
Stages
La politique du personnel consiste ici à offrir des opportunités et à stimuler l'épanouissement personnel. “C'est pourquoi la porte est toujours ouverte aux étudiants et aux stagiaires, qui peuvent y acquérir leur première expérience professionnelle. Dans ces moments-là, je reste à l'affût au cas où il y aurait de vrais talents – surtout techniques – parmi eux. Les profils techniques sont très difficiles à trouver de nos jours. Cependant, en tant que PME, nous faisons généralement appel à des tiers en cas de dysfonctionnements graves. Il s'agit de préférence de petites entreprises locales que nous connaissons bien et qui peuvent intervenir rapidement, afin que nous puissions relancer la production. S'il y a une chose que je regrette, c'est de ne pas avoir étudié l'électricité“, se plaint Pauwelyn.
INNOVATIon
En tant que PDG, Karen Pauwelyn est également responsable du développement de produits au Beauvoords Bakhuis. La dernière innovation est le pancake américain, produit avec les crêpes ‘classiques’ depuis le début de 2019.
“Lors de mes voyages aux Etats-Unis, j'ai été déçu parce que les crêpes étaient trop liquides, et ici en Belgique, j'ai trouvé la gamme existante trop sèche. J'ai donc testé chez moi la composition de pâte idéale, à partir de nos ingrédients familiers“, dit-elle.
“Cela a immédiatement fait son effet, surtout auprès des jeunes, et nous avons donc décidé d'investir dans une chaîne de production supplémentaire. A présent, nous mélangeons mêmes des – vraies ! – framboises et des myrtilles dans cette pâte. Bien que cela pose des problèmes de sécurité et de conservation des aliments, cela en améliore le goût. Nous ne voulons absolument pas faire de compromis à ce sujet.”
Marketing
Pourtant, la PDG a plus d'une corde à son arc, puisqu'elle gère également le développement des produits (voir encadré) et le marketing.
Faire la différence
“Pour ce volet, nous mettons en avant notre caractère artisanal sur nos emballages, le site Web et les stands d'exposition afin de nous distinguer des grands acteurs industriels. Mais c'est surtout le goût de nos produits qui doit convaincre. C'est notre outil de marketing le plus important, à en croire nos clients."
Réseaux sociaux
“J'ai parfois l'impression d'être la maman de tout le monde dans l'atelier, mais pour ce qui est des réseaux sociaux, je dois reconnaître que je suis dépassée. Je n'ai ni le temps, ni les bons réflexes. C'est pourquoi je demande parfois les conseils des plus jeunes employés. Nous partageons ainsi désormais des recettes, pour inspirer les consommateurs. C'est une bonne chose“, poursuit Pauwelyn, “même s'ils ne sont pas nos clients directs.”
durabilite
A la demande des clients, l'entreprise a développé une nouveauté, à savoir celle des crêpes surgelées individuellement, selon la méthode IQF (Individual Quick Freezing).
“Cela signifie que les petits établissements de restauration ne doivent pas ouvrir un paquet de 500 g d'office. En soi, c'est une mesure de durabilité, car ensemble, nous pouvons éviter le gaspillage de nourriture. En outre, l'année dernière, nous avons installé pas moins de 310 panneaux solaires sur le toit du nouvel espace de stockage et d'installation de congélateurs. Enfin, nous étudions également comment remplacer nos emballages multicouches par une monocouche, afin qu'ils soient recyclables. Ici, je vais une fois de plus laisser parler ma conviction personnelle. Il est tout simplement préférable de tenir compte de l'avenir pour ces investissements“, conclut Pauwelyn.

