Le lait a besoin d'être revalorisé
Le lait est bon pour la santé. Cela devrait être une évidence, mais il existe des doutes et des controverses sur les bienfaits du lait pour la santé, bien qu'il soit depuis longtemps considéré comme un élément essentiel d'un régime alimentaire sain. Le débat sur le lait et les produits laitiers est complexe et varie considérablement en fonction des études scientifiques, des directives diététiques et des habitudes culturelles. Lors du symposium laitier à Vilvorde organisé par le VLAM et la BCZ, le sujet a été abordé lors des présentations de plusieurs orateurs. Ceux-ci ont affirmé qu'il n'y a aucun doute sur la question.
Une graisse n'est pas l'autre
Peter de Jong, professeur en Sustainable Dairy and Food Processing à l'institut de recherche néerlandais NIZO, a affirmé qu'il existe davantage de preuves scientifiques confirmant les bienfaits du lait pour la santé. "Nous connaissons tous le débat sur les graisses saturées. Les graisses saturées sont mauvaises pour la santé, mais il s'avère que les graisses saturées contenues dans les produits laitiers sont neutres, voire saines, en ce qui concerne la santé cardiovasculaire. Une graisse saturée n'est donc pas l'autre".
Toutes les graisses saturées n'ont donc pas le même effet sur notre organisme. Une évolution intéressante s'est produite en 2016, lorsque deux collaborateurs d'Unilever - une entreprise qui produit notamment de la margarine - ont rédigé une publication confirmant que les graisses saturées présentes dans le lait ne sont pas forcément nocives.
Peu après, Unilever a transféré son activité de margarine, qui comprend Becel et Blue Band, dans une nouvelle filiale appelée Upfield et l'a vendue à une société d'investissement américaine. Ce fait est remarquable car pendant des années, on a prétendu que la margarine était plus saine que le beurre, une affirmation qui a été révisée 30 ans plus tard.
De Jong a comparé cette situation à la transition protéique actuelle et s'est demandé comment l'aborder à l'avenir. Il a également souligné l'importance de l'effet de matrice dans les produits laitiers. Cela signifie qu'il ne s'agit pas seulement des nutriments contenus dans le lait, tels que les protéines et les minéraux, mais aussi de la manière dont ces nutriments sont assimilés et traités par l'organisme.
Par exemple, les graisses saturées contenues dans les produits laitiers fermentés tels que le yaourt et le fromage ont même un effet bénéfique sur la santé cardiovasculaire. "Il est donc de plus en plus important de ne pas se contenter de regarder le produit, ni les nutriments, mais de voir ce que ces nutriments font dans le corps humain. Bien sûr, c'est plus difficile à étudier".
Le lait n'est pas toujours du lait
Jeroen Watté, agro-écologiste attaché à l'European Agroforestry Federation et courtier en innovation, a souligné que le lait n'est pas toujours le même et que sa qualité peut varier considérablement en fonction des conditions dans lesquelles les vaches sont élevées. Les vaches qui paissent dans des prairies à forte biodiversité, où elles peuvent manger différents types d'herbes et de plantes, peuvent produire un lait d'une valeur nutritionnelle plus élevée.
Cela signifie que le lait des vaches élevées dans ces prairies biodiversifiées peut être différent du lait des vaches nourries avec un régime standard. "La chaîne doit y prêter attention. Il en va de même pour d'autres méthodes d'agriculture durable telles que l'agro-foresterie", a déclaré Watté.
Watté fait valoir que les vaches sont naturellement capables de rechercher par elles-mêmes les nutriments dont elles ont besoin. Par exemple, en broutant un champ d'herbes ou une haie, les vaches peuvent enrichir leur régime alimentaire, ce qui peut avoir un impact positif sur la qualité de leur lait. L'idée est que cette autorégulation naturelle des vaches n'est pas encore suffisamment exploitée dans l'agriculture moderne. "Mais la chaîne peut exploiter ce phénomène. Malheureusement, ce n'est pas encore le cas en Flandre. En France, il y a Bleu-Blanc-Cœur, un label qui a été décroché par un agriculteur flamand."
Ce label reconnaît un lait de meilleure qualité provenant de vaches ayant accès à une alimentation variée. Selon Watté, la valeur ajoutée de ce lait n'est pas encore suffisamment reconnue et récompensée en Flandre. Il s'agit d'une occasion manquée de soutenir les agriculteurs qui investissent dans une meilleure qualité. Watté a également fait remarquer qu'il est difficile de faire des affirmations à propos d'un lait plus sain, car elles sont souvent contredites par des vérificateurs de faits. Cela peut être démoralisant pour les agriculteurs qui pensent que leur produit est plus sain et de meilleure qualité.
L'autorégulation naturelle des vaches n'est pas encore suffisamment exploitée dans l'agriculture moderne
Watté a également évoqué d'autres produits animaux, tels que le foie de bœuf, qui sont extrêmement nutritifs mais que l'on ne trouve plus guère dans les magasins aujourd'hui. Cela s'explique par le fait que les vaches sont élevées de manière intensive en vue d'une production maximale de lait ou de viande, ce qui peut se faire au détriment de la qualité d'organes tels que le foie. Il ne s'agit pas seulement d'une question de goût, mais aussi des bienfaits de ces produits pour la santé.
Si l'on communiquait mieux sur la valeur nutritionnelle de produits tels que le foie de bœuf, les consommateurs seraient plus enclins à les acheter. Selon Watté, il faut revaloriser le lait et les autres produits d'origine animale en accordant plus d'attention à la qualité et à l'origine et grâce à un marketing plus efficace concernant leurs bienfaits pour la santé.

