LA SURVEILLANCE DES CONDITIONS DANS LA MARINE ROYALE
Le leader garde le contact avec le monde des entreprises
Au sein de la Directie Materiële Instandhouding (DMI) de la Koninklijke Marine à Den Helder - auparavant Marinebedrijf, on travaille depuis longtemps avec la surveillance (en ligne) de divers systèmes sur leurs navires. L'organisation entretient des contacts étroits avec le monde des entreprises et l'industrie pour pouvoir utiliser les tout derniers développements. De surcroît, les collaborateurs effectuent eux-mêmes des recherches pour pouvoir effectuer le bon entretien au bon moment sur les divers navires. La dynamics-based maintenance et la réalité augmentée sont notamment envisagées.
L'ENTRETIEN EN REGIE
Les différentes frégates que compte la Koninklijke Marine, mais également tous les navires plus petits, sont en partie entretenus dans le port de Den Helder. 'En partie', parce que certains types d'entretien préventif et correctif doivent aussi être possibles pendant la navigation ou dans un autre port.
L'entretien planifié le plus radical se déroule environ à la moitié de la durée de vie du navire (après 12-13 ans). On exécute un entretien qui allonge la durée de vie et en vertu duquel on examine l'état de la durée de vie tant technique qu'économique pour tous les systèmes. Il s'agit du système de propulsion (l'entraînement du navire), du système plate-forme (systèmes de soutien tels que le système d'air comprimé haute et basse pression, le système d'osmose inverse, les systèmes de ventilation, mais aussi les installations pour la cambuse, la boulangerie et le lavoir) et le système d'énergie (générateurs pour produire l'électricité nécessaire à bord), mais aussi des systèmes d'armement comme les systèmes de défense aérienne, les sondes, le radar et les appareils de communication).
On exécute aussi un 'entretien désigné' tous les trois à quatre ans. Durant les mois précédents, on radiographie de façon structurelle tout ce qui doit certainement être abordé à terre plus tard. Et par 'tout', le département maintenance veut réellement dire 'tout': cela varie du revêtement de sol et de la ventilation à la propulsion et aux systèmes de radar. Ceci se nomme 'essai avant l'entretien' et résulte en une liste des tâches de maintenance et un aperçu de tout ce qui est nécessaire à cet effet. Par cette approche, tous les collaborateurs et toutes les entreprises requises sont prêts quand le navire accoste, et tous les éléments nécessaires et toutes les connaissances éventuelles sont disponibles directement.
Directie Materiële Instandhouding (DMI)
L'entretien désigné est en grande partie exécuté par la DMI à Den Helder. Au sein de cette organisation travaillent des militaires et des collaborateurs civils qui disposent de connaissances spécialisées et de l'expérience pratique essentielles. L'industrie est impliquée quand il s'agit d'un entretien qui ne nécessite aucune connaissance spécialisée ou justement des connaissances très spécialisées; p.ex. Imtech, Damen et Thales Naval).
Entretien préventif
L'un des spécialistes de l'entretien préventif est le Lieutenant de Vaisseau 1 (TD) Harry Lijzenga. Il a débuté en 1995 dans la Koninklijke Marine et y a fait une carrière classique qui a commencé auprès du Koninklijk Instituut voor de Marine et s'est poursuivie quelques années comme officier du service technique, en alternance avec différentes fonctions à terre. “J'ai toujours été intéressé par les aspects techniques des navires et j'ai pu suivre une formation technique au sein de la marine auprès du KMTO, grâce à laquelle j'ai pu approfondir la maintenance", précise Lijzenga.
SURVEILLANCE DES CONDITIONS
Harry Lijzenga a développé un intérêt particulier pour le thème 'surveillance des conditions', un élément dans la Materieellogistieke Organisatie de CZSK dont la Marine a fait un usage relativement tôt et dans lequel elle était plus avancée que l'industrie.
“Pour les systèmes qui sont appliqués sur un navire, l'accent dans la surveillance des conditions est mis sur l'analyse des vibrations et la surveillance des conditions du liquide. En surveillant les niveaux de vibrations et la qualité de notre huile lubrifiante et hydraulique, et de notre carburant, nous pouvons anticiper bien des problèmes à un stade précoce et entreprendre des actions à l'avance pour les éviter ensuite. Non seulement nous réduisons le nombre d'heures d'arrêt inopiné, mais un entretien ciblé peut être effectué au bon moment sur la base de ces valeurs. Pas trop tard, mais aussi pas trop tôt, ce qui va de pair avec des coûts inutiles."
Mesures des vibrations
L'une des premières sortes de surveillance des conditions était l'exécution des mesures des vibrations. “Ceci a commencé il y a plus de trente ans par des mesures sur différentes installations rotatives d'installations à plate-forme et a été professionnalisé ensuite par e.a. l'exécution de mesures sur un axe d'hélice abîmé. Ceci pour résoudre la demande préoccupante du commandant: 'ce navire peut-il continuer de naviguer vers son propre port pour être réparé ou faut-il des mesures sur place?'. L'utilité et la nécessité des mesures de vibrations sont directement mises en lumière. Puis, ce type d'entretien est professionnalisé au sein de la marine." Au début, les mesures étaient surtout exécutées hors ligne sur le navire, par exemple sur divers roulements. Les données des vibrations ont été envoyées vers la terre pour l'analyse par les collaborateurs du bureau de la surveillance des conditions. Un avis a été émis sur cette base et le ST à bord a pu éventuellement se mettre au travail. “Le chef du ST continuait d'assumer la responsabilité finale de toutes les actions, mais il était bon de voir que les conseils ont été pris très au sérieux et suivis. Depuis les premières mesures de vibrations sur différentes installations de plate-forme et sur les axes d'hélice, l'accent n'a cessé de s'étendre avec des mesures sur e.a. les moteurs diesel, les carters d'engrenage et la turbine à gaz."
Analyse du liquide
Pour l'analyse du liquide, la Koninklijke Marine était aussi l'un des premiers aux Pays-Bas à utiliser sérieusement les possibilités pour déterminer le besoin d'entretien sur la base de la condition des huiles et du carburant. L'analyse se déroule dans le propre laboratoire de chimie à Den Helder et comprend notamment la détermination de la viscosité et de la présence de particules d'eau, de fer et autres particules solides. La condition du liquide peut être constatée et le laboratoire crée aussi une image de la condition d'autres éléments dans un système. C'est ainsi qu'une quantité exagérée de, par exemple, particules de fer ou de cuivre est un indicateur d'usure exagérée d'un certain élément. Une analyse spécifique de la forme de la particule d'usure permet, en outre, de découvrir de quel type d'usure il s'agit. Les résultats d'analyse sont l'occasion d'entreprendre une action. Ce qui évite un arrêt, mais aussi une contamination accrue de l'huile et permet de combattre la dégradation.
CONTACT AVEC L'INDUSTRIE
Durant toutes ces années où Lijzenga a œuvré dans le monde de la maintenance de la Koninklijke Marine, les contacts étaient étroits avec l'industrie et les entreprises.
“En tout cas, vous aimez savoir ce qui se passe en dehors de vos murs en relation avec les nouveaux développements et la façon dont d'autres parties traitent les problèmes auxquels chacun est confronté en définitive. De cette manière, vous restez au courant et vous avez un bon back-up en cas de problèmes. N'oubliez pas que la plupart des militaires devaient auparavant échanger leur métier après deux à trois ans pour une nouvelle fonction au sien de la Marine, si bien qu'il est parfois pénible de garder les bonnes connaissances dans votre 'entreprise'. Heureusement, on collabore beaucoup avec des collaborateurs civils qui ne connaissent pas cette rotation et à l'heure actuelle, le militaire que vous êtes, a aussi la possibilité de travailler pour une plus longue période dans un certain département, dans une fonction identique ou différente. La rotation de nombreux collègues a du reste ses avantages: en effet, vous recevez sans cesse de nouvelles personnes avec de nouvelles idées et compréhensions, ce qui fait que vous évitez relativement facilement une vision réduite et le 'sur place'."
Collaborations industrielles
La collaboration avec l'industrie est non seulement judicieuse dans le cadre du maintien des connaissances, mais aussi quand des problèmes spécifiques doivent être résolus. Un exemple typique était un navire qui prend des enregistrements hydrographiques du fond marin et avait des problèmes avec ses générateurs diesel. Comme le problème ne pouvait être aisément identifié à bord, des appareils permettant de surveiller les vibrations en ligne ont été placés en collaboration avec SKF. Finalement, il s'agissait d'une combinaison de facteurs (moteur diesel, générateur et le bâti sur lequel ils étaient montés), et une modification était nécessaire. La surveillance en ligne a aussi permis de noter un haut niveau de vibrations consécutif au mauvais fonctionnement d'un injecteur. Si, avant, le navire devait rentrer pour remédier au problème, il était maintenant possible d'exécuter l'analyse à distance, depuis la terre. Après le remplacement de l'injecteur, le navire a pu achever sa période de navigation.
Plus-value pour la navigation
“Ces mesures en ligne et les actions à prendre sur cette base délivrent une grande plus-value pour la navigation en général et la Koninklijke Marine en particulier", confie Harry Lijzenga. “Ramener un navire au port de façon imprévue pour un entretien signifie simplement des coûts élevés. En tout cas, vous ne savez pas au préalable si l'on peut déterminer directement dans le port ce qui se passe et ensuite si l'on est capable ou pas de solutionner le problème et dans quel délai. P.ex., vous avez le délai de livraison des pièces qui peut s'allonger. Heureusement, ce n'est plus si grave aujourd'hui, car la surveillance en ligne - avec envoi direct des données vers la terre ferme pour analyse - permet de constater à distance ce qui se passe et quelles actions doivent être entreprises. Il y a moins de dix ans, on mettait fortement l'accent sur un équipage qui voulait 'tout' faire à bord, mais entre-temps, on accepte de plus en plus que nous offrons un soutien depuis la terre."
L'AVENIR
Le succès de la surveillance des conditions au sein de la Koninklijke Marine constituera une base importante pour les navires nouvellement construits, approuvés entre-temps par le gouvernement. Toutes les connaissances acquises ces dernières années peuvent être utilisées dans les nouveaux navires. P.ex., par des possibilités directes pour effectuer les mesures décrites, les collecter et les analyser.
La dynamics-based maintenance
“Par le passé, nous avons déjà utilisé ces données et connaissances historiques pour - en étroite collaboration avec Rolls-Royce comme producteur et fournisseur de turbines à gaz - allonger la période d'entretien de ces éléments quand les mesures de vibrations via le bureau de surveillance des conditions en ont donné l'autorisation. Vous exécutez l'entretien sur la base de la réelle condition de l'actif et pas seulement sur la base des heures de fonctionnement. Nous nommons ceci 'dynamics-based maintenance'." La dynamics-based maintenance est un sujet typique sur lequel travaille l'un des collaborateurs de la Nederlandse Defensie Academie - du reste professeur à l'Université de Twente - Tiedo Tinga. “Dans son propre groupe professionnel, il évalue notamment le bon moment de l'entretien sur la base de la sollicitation effective de l'actif. Parfois, le nombre d'heures de fonctionnement n'est pas du tout déterminant pour le besoin d'entretien, mais justement le nombre de démarrages et d'arrêts, la température ambiante ou d'autres grandeurs. Ici aussi, nous pouvons bénéficier d'un avantage dans la Koninklijke Marine."
Que faire de toutes les données?
La marine n'est pas la seule à être intéressée par les données générées sur le navire, il en va de même pour les entreprises. En effet, ceci permet de constater comment se comportent et se maintiennent des systèmes et actifs spécifiques sur mer dans les conditions en question. Des données importantes pour procéder à d'éventuelles améliorations et continuer de développer des systèmes. “L'un des fers de lance pour l'avenir est de bien regarder ce que nous faisons avec toutes les données. En effet, vous devez non seulement mesurer pour mesurer, mais en définitive, savoir quelles données vous pouvez utiliser ou pas. Je ne veux pas dire que certaines mesures sont inutiles. Je suis convaincu que vous pouvez apprendre de chaque mesure; certainement quand vous mesurez plus longtemps et que vous dressez un historique dont vous pouvez extraire éventuellement des tendances. Je ne pense pas toutefois que vous devez collecter constamment un maximum de données.
Entre-temps, nous avons acquis une telle expérience que le temps est venu de procéder à une analyse et de convenir du nombre de mesures par unité de temps nécessaire pour pouvoir surveiller votre condition de façon fiable et quelles mesures (grandeurs) sont pertinentes. Outre les mesures de vibrations et les échantillons de liquide, il existe aussi d'autres méthodes de mesure telles que des mesures à infrarouge, des mesures de flux et des mesures de bruit qui sont une indication de la condition d'un système."
Les citoyens bienvenus
“Un second point d'attention pour l'avenir est et reste le suivi des nouvelles techniques et technologies dans le cadre de la surveillance des conditions. Nous testons actuellement les mesures à infrarouge et la réalité augmentée nous intéresse aussi. Le civil qui est intéressé et veut approfondir cette matière auprès d'une organisation intéressante, peut jeter un coup d'œil sur werkenbijdefensie.nl. Bienvenue!"



